Uglies
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Parlez d'Uglies, par Scott Westerfield, et parlez de tout =).

 

 Sous le rideau pourpre

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4 participants
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Bérénice Black
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MessageSujet: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeLun 1 Fév - 23:52

C'est possible que vous la connaissiez mais je la remets quand même ^^
C'est une nouvelle... que je vais peut-être continuer en histoire, ça dépend de vous ! /sors/


SOUS LE RIDEAU POURPRE


L'homme est assis dans son fauteuil et de ce doigt rageur et destructeur, désigne une des actrices qui l'a le plus déçu. Il n'a pas de baguette dans la main et pourtant, c'est lui le chef d'orchestre de ce jeu de la vie. Le regard est mauvais, les espoirs déçus. Son mécontentement se lit comme dans un mauvais roman de gare.

La jeune femme lève la tête, gênée de tant d'attentions. Elle croit au départ qu'il va l'ovationner, du moins elle s'en persuade, mais ses lèvres se plissent quand elle comprend l'inéluctable. Ses yeux brillent de larmes mais elle ne doit pas craquer, son maquillage serait détruit. Sa beauté, son seul espoir d'être un jour retenu à une audition. Cela fait longtemps qu'elle ne croit plus en son talent, elle ne fait qu'espérer, travailler, compter sur ses rares atouts. Ce qu'elle a commencé, elle le terminera : elle deviendra comédienne, quitte à vivre des moments difficiles. Elle n'a jamais demandé de rôles qui lui correspondaient ; juste un qui ne soit pas un personnage de fille de joie moderne, rehaussée par des escarpins de dix centimètres de haut. Parce que la brune n'a jamais su comment marcher avec...

Clic, clac, clic, clac : elle entend le bruit de ses talons sur le sol. Ses congénères écoutent le silence d'un air mortifié : elle a échoué à l'essai, cela fait une place de plus pour nous, il faut avouer qu'elle n'était pas bien brillante- toutes ces phrases, cette femme les entend comme si elle était à l'intérieur de ces âmes moqueuses... S'approcher peu à peu de cet homme insensible lui fait courber l'échine, ce qu'elle ne doit surtout pas faire. De là où elle était elle sent un parfum capiteux qui venait de l'assistante du réalisateur, et elle savait que cette senteur se graverait dans son odorat comme un instant manqué par sa simple faute. Vends tes rêves à un marchand de sommeil... éveilles toi tant que ta jeunesse n'a pas fleuri...

La jeune femme ne rougit pas devant cet homme qui la contemple d'un air méprisant. Elle se tient le plus droit possible, contracte ses muscles pour ne pas céder à la panique qui ronge tout son être. La douleur la maintient consciente, presque lucide. Bientôt les paysages aux contours imprécis vont se parer des couleurs mornes et destructrices de l'existence. La journée va accomplir son travail et berner une nouvelle fois ses naïfs enfants. Mais la femme est lasse de perdre, les songes sont terminés, la vérité éclate d'un rouge vermeil. De ce pourpre sanglant qui lui écorche les pieds.

« -Mademoiselle, avez-vous réfléchi à choisir une autre voie ?
-Laissez moi une autre chance...
-Vous n'avez même pas su ramasser les délicats plaisirs que je vous offrais d'un souffle, ni vous approprier d'une partie, même infime, de mon texte. Vous désirez parler de chance, je vous parlerez seulement d'amour. Vous devriez incarner une tragédienne, vous me faites pleurer par vos jérémiades. Votre voix nasillarde, votre accoutrement ridicule... quoique, nous pouvons la modifier... vous ne saisissez pas même l'essence du scénario. Je vous parle avec des mots trop compliqués, peut-être ? Pour résumer le tout, vous êtes nulle. »

La brune ne réplique rien, refuse de comprendre l'évidence. Une seule chose l'importe, c'est la virulence des propos de ce réalisateur qui croit qu'en usant d'un vocable sophistiqué il la met plus bas que terre. L'idée même lui fait sourire : jamais l'on ne la fera tomber par des mots... En attendant, elle ne supporte pas ce lynchage public quand vingt ans de sa vie elle n'a jamais vécu. Le réalisateur aurait pu lui dire qu'elle jouait mal, qu'elle n'était pas faite pour cela... Mais le mot nul résonne dans son esprit et s'amplifie au fur et à mesure. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, personne ne l'a jamais traité ainsi, ne lui a jamais avoué qu'elle était le vide absolu, ni n'a renié ce qu'elle est. C'est ce que signifie la nullité, non ? Elle n'est pas consternée, juste déçue de ne pas pouvoir se battre avec les mêmes armes. Insulter le réalisateur le plus côté du moment ne se fait pas, n'est-ce pas ?

Elle quitte le théâtre de manière théâtrale, qu'elle croit digne, mais sa démarche n'est pas assurée, elle boite. Peut-être à cause de la douleur qu'elle ressent aux pieds. Ses chaussures sont si peu pratiques... Le froid l'envahit comme un drap en satin : il s'empare aisément de son corps. Elle saisit un bonnet de laine, qu'elle a apporté, mais elle le hait. Le bonnet est rouge.

Et les journées d'hiver.

Elle se retourne pour contempler une dernière fois le théâtre : sous la neige, il paraît magnifique. Le nom inscrit en gras l'émeut toujours autant : la Bohème. Cela voulait dire qu'on était heureux... Elle a toujours pris cette chanson pour elle, rêvant d'être quelqu'un, habitant dans un Montmartre anciennement peuplé d'artistes. Cela lui rappelle aussi cet opéra de Puccini, que la petite fille était allée voir un soir d'été avec sa grand-mère. Au départ l'idée l'avait ennuyée, pour elle la musique classique rimait avec déplaisir, mais la sortie avait au moins le mérite de la sortir de la monotonie dans laquelle elle était plongée, du haut de ses huit ans, déjà trop fière et orgueilleuse. Les adultes, enserrées pour les femmes dans des draperies en provenance de l'Orient, dans des complets faits sur mesure pour les hommes, et ces apparences d'austérité dans le comportement. La fillette n'avait pas compris ce décalage entre richesse et dépouillement, entre ambition d'idéal et pratique commune. Chacun paraissait indifférent au fait de venir à la Bastille, chacun badinait ici et là et lançait une nouvelle rumeur sur tel ou tel personnalité, dont on était l'ami, l'amant ou le banquier. La Bohème. Dans ces fauteuils bordeaux, elle attendait impatiemment que l'opéra commence, bougeant trop pour un tel lieu, sautant sur son siège, demandant sans cesse à cette grand-mère antipathique : « quand est-ce que ça commence ? ». Ses boucles brunes s'agitent dans un rythme saccadé, un chapeau la réprimande de sa voix flûtée : « petite, tu pourrais te calmer un peu ? », et le temps n'avance pas, coincé sur une scène où les chanteurs s'activent. Soudain, trois coups. Signal d'appel, les estomacs se contractent, l'on se souhaite toy toy tout en espérant que le concert se passera bien. Pour la plupart figurants payés au lance-pierre, qui sont heureux d'être sur scène pour quelques instants... La petite fille est bouleversée par les sonorités à consonances italiennes, puis par la voix puissante et envoutante de Mimì, sa toux violente qui emporte le cœur de la brune sur son passage. Elle ne saisit pas immédiatement ce qu'il se passe, elle ne saisit que le désespoir de ces personnages qui se muent dans le théâtre musical, leur folie, et soudain, plus rien, seul un cri déchirant : un la, larme qui tombe sur le corps glacial. Soudain, la fin. Le rideau tombe, et les applaudissements. La petite fille est ensorcelée et n'ose bouger de peur de rompre la magie. Cette aïeule qu'elle n'a jamais apprécié la presse, la tire par le bras. Qu'importe, son âme et son esprit sont restés sur place, et elle réalise l'évidence.

Elle ne deviendra jamais ce qu'elle rêve.

NOTE : Toy toy : pour les comédiens, chanteurs, fin bref tous les gens qui se produisent sur scène, c'est une sorte de "bonne chance" qu'on dit sans le dire...
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Marine Smith
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeVen 5 Fév - 22:49

Woa O_o



personnellement je ne l'avais jamais lu...
Tu as un vrai talent tu le sais ? J'adore comment tu formules tes phrases, tu dois choisir tes mots uns à uns pour obtenir un tel résultat Sous le rideau pourpre 742567
En tout cas bravo, j'ose à peine imaginer si tu te mets à faire un roman ^^
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Bérénice Black
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeVen 5 Fév - 22:52

Marki *.* Une nouvelle lectrice, et qui me fait des compliments en plus *.*
Pour les phrases, j'avoue que je mets un temps infini à écrire, quoique pour une fois ça ne m'a pris qu'une soirée, j'étais inspirée...
Pour un roman ça me prendrait dix ans, enfin ça me prend plus parce que j'écris depuis que j'ai 7 ans.
En tout cas, merci, ça m'encourage (beaucoup, beaucoup).
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Marine Smith
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeVen 5 Fév - 23:53

je le pense vraiment Very Happy



Toi aussi tu prends un temps fou à écrire UNE phrase ? ^^


Le pire c'était au collège, quand pendant un contrôle ( et même le DNB ) tu vois tous le monde écrire autour de toi... & toi au milieu qui n'arrive pas à trouver une phrase d'accroche ou assez bien formulée --'
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeSam 6 Fév - 19:45

je la connaisais deja Smile
11/10
Smile
que dire ^^
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Ruizu Youngblood
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitimeSam 20 Aoû - 20:29

Félicitations ,je ne l'avais jamais lu ! Mais ou trouves tu tout ces mots je n'y arriverais jamais !
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MessageSujet: Re: Sous le rideau pourpre   Sous le rideau pourpre Icon_minitime

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